الاثنين، 6 فبراير 2017
L’identité amazighe aux Canaries :
Comment définissait-on alors les Berbères ? Pourquoi sont-ils apparus sur la scène scientifique occidentale ? Et quel était leur lien avec les Canariens ? Les effets de la colonisation française de l’Afrique du Nord sont incontestables. Après 1830, une classification fondée sur des différences raciales s’est peu à peu imposée concernant les Canariens. Le qualificatif berbère (parfois sous la forme berber ou barbare), dont la définition était jusqu’alors imprécise, a peu à peu désigné un ensemble hétérogène de communautés (parmi lesquelles les Kabyles) avec des éléments communs (la langue, le type d’habitat, les coutumes, le droit, les caractéristiques physiques et raciales, la religiosité...) permettant de les distinguer des Arabes. Ces caractères s’inscrivaient également dans une échelle de valeurs où le Berbère occupait une place supérieure à l’Arabe, le premier se voyant attribuer des caractères permettant de supposer une intégration plus facile dans une civilisation européenne qui tentait de s’imposer en Afrique du Nord. Ces postulats ont été véhiculés sous la forme de ce qu’on a appelé le « mythe Berbère » (Lorcin, 1999, 2-3 ; Ould Mohamed Bara, 2002, 102 ; Ramos Martín, 2011, 99).
Un des objectifs clés de ce mouvement nationaliste a été de réviser les historiographies traditionnelles pour redonner aux Guanches un rôle au sein du récit historique. Ce renouvellement a été impulsé par une historiographie militante : Antonio Cubillo, Pablo Quintana, Hermógenes Afonso (alias Hupalupa) ou Manuel Suárez Rosales ont défendu la nécessité de rédiger une nouvelle historiographie nationaliste, africaniste et anticoloniale, qui exalterait une tradition ancestrale qu’il fallait récupérer (Amasik, 1985a, 87).
Dans ce sens, les identités que nous avons analysées ont non seulement été construites dans des contextes politiques bien définis mais l’ont aussi été par le pouvoir au sens foucaldien du terme. Les disciplines académiques (et plus concrètement les sciences humaines et historiques) ont été l’expression scientifique de ces relations de pouvoir et ont parfois apporté des preuves et des postulats qui ont soutenu les thèses politiques. Dans le cas des Guanches, leur relation avec les Berbères a été médiatisée par la mise en place de plusieurs discours, mais aussi par l’incidence de certains messages politiques (coloniaux, espagnolistes, nationalistes, africanistes, européistes) qui ont inclus ces identités dans leurs rhétoriques. Le résultat a été l’instrumentalisation du Berbère et du Guanche, toujours conçus d’un point de vue essentialiste, y compris dans l’historiographie.
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